Le comité Unesco réuni à Durban (Afrique du Sud) retint en 2005 sept sites naturels et dix-sept biens culturels. Le Havre fut inscrit la même année que Syracuse (Italie), la nécropole rocheuse de Pantalica (Sicile), les œuvres d’Antonio Gaudi en Espagne, les beffrois de Belgique et de France, ou encore le centre historique urbain de Cienfuegos (Cuba).
Un cercle de prestige
Dans le monde, plus de 1000 biens culturels, naturels ou mixtes sont reconnus dans 161 pays. En France, en 2016, 42 sites sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
Parmi les plus visités, se distinguent le Mont-Saint-Michel, Paris et les rives de la Seine, le parc et le Château de Versailles. Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen ou les Places Stanislas, de la Carrière et d'Alliance à Nancy font également partie du cercle prestigieux.
Pour le Havre, l’inscription constitue depuis dix ans un formidable atout pour le développement touristique et culturel du territoire.
Plusieurs jalons ont ponctué le chemin qui a mené à l’événement formidable que représente l'inscription du Havre sur la Liste du patrimoine mondial.
Qu’est-ce que le patrimoine mondial ?
Un bien culturel doit répondre à au moins un des dix critères majeurs définis par l’Unesco, garantissant la valeur universelle exceptionnelle
En 1972, l’Unesco établit la Convention du patrimoine mondial. Elle a pour but de recenser et de préserver l’ensemble du patrimoine culturel et naturel d’une valeur universelle exceptionnelle. Selon cette convention, un « patrimoine culturel » est un monument, un ensemble de bâtiments ou un site ayant une valeur historique, esthétique, archéologique, scientifique, ethnologique ou anthropologique. Le terme « patrimoine naturel » désigne une caractéristique physique, biologique, et géologique exceptionnelle, la flore et la faune menacée, les zones ayant une valeur du point de vue scientifique, esthétique ou du point de vue de la conservation. Il existe depuis des biens mixtes alliant caractéristiques culturelles et naturelles.
Pour Le Havre, deux critères furent retenus :
Critère (2) : Un échange d’influence considérable pendant une période donnée (…), sur le développement de l’architecture (…), de la planification des villes ou de la création de paysage.
De par son ampleur et de par le large éventail des architectes qui sont intervenus au Havre en intégrant des règles définies par Perret, la reconstruction du Havre a été un vaste champ d’expérimentation sur la conception d’une ville moderne et sur les nouvelles techniques de construction. Les échanges d’idées entre l’école Perret et les jeunes architectes influencés par les théories de Le Corbusier ont donné un tissu urbain unique en son genre, réunissant les qualités d’une ville classique et d’une ville moderne.
Critère (4) : Un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural (…) ou de paysage illustrant une période significative de l’histoire humaine.
La taille de la reconstruction du Havre, ainsi que la grande cohérence de son plan d’aménagement en font une ville symbole pour l’ensemble des villes européennes reconstruites. La volonté de l’Etat d’en faire une reconstruction exemplaire s’est manifestée par le choix d’Auguste Perret comme Architecte en Chef de la Reconstruction du Havre.
Les grandes étapes
- 1995 : La municipalité prend l’initiative de protéger les quartiers rebâtis par Auguste Perret et son atelier, ainsi que leurs abords sur une zone de 250 hectares par une ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager)
- 2001 : Le Havre obtient le label "Ville d’Art et d’Histoire", en particulier grâce à son patrimoine architectural contemporain.
- 2002 : L’exposition internationale « Perret la poétique du béton » fait découvrir l’œuvre magistrale d’Auguste Perret au musée Malraux du Havre.
- Printemps 2003 : Inscription du Havre sur la Liste indicative française du Patrimoine mondial. Exposition Perret « La Poétique du béton » à la Galleria d’Arte moderna de Turin.
- Décembre 2003 : Nomination du Havre par le Gouvernement français, parmi la Liste indicative française (qui comporte une trentaine de sites)
- Janvier 2004 : Dépôt du dossier de candidature de la Ville du Havre à l’UNESCO (Centre du patrimoine mondial). Exposition Perret « La Poétique du béton » à l’Institut Français de l’Architecture, Paris
- Mars 2004 : Transmission du dossier de candidature à l’ICOMOS pour expertise scientifique. L'ICOMOS est une organisation internationale non-gouvernementale qui œuvre pour la conservation des monuments et des sites dans le monde.
- Août 2004 : Visite du site par les experts de l’ICOMOS
- Mai 2005 : Remise de l’expertise ICOMOS au Centre du patrimoine mondial
- 15 juillet 2005 : La ville du Havre entre au patrimoine mondial.
Extraits des interventions de la 29ème session de l’Unesco :
« La Délégation de la France (Observateur) remercie tout d’abord les autorités de l’Afrique du Sud pour l’accueil et l’organisation de cette session du Comité. Elle se réjouit de la décision du Comité, qui sera accueillie avec bonheur et orgueil par la ville du Havre et la France entière. Elle rappelle que la ville du Havre – étudié comme modèle de reconstruction urbaine dans toutes les écoles d’architecture du monde – représente le premier témoignage de l’architecture moderne française à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Elle rappelle aussi la mobilisation dans la préparation du dossier d’inscription de beaucoup d’experts renommés dans le domaine de l’histoire de l’architecture. Elle rassure enfin le Comité à propos du haut niveau de qualité dans la restauration des composantes en béton armé des bâtiments principaux de la ville. »
Les acteurs de l’inscription du Havre
En 2005, l’inscription fut l’aboutissement d’un travail de plusieurs années mené par Antoine Rufenacht, alors Maire du Havre, de Joseph Abram, architecte historien, professeur à l’Ecole d’Architecture de Nancy et à l’Institut d’Architecture de Genève, spécialiste de l’œuvre d'Auguste Perret, et de Vincent Duteurtre, architecte et en charge de ce dossier au sein de la direction études urbaines et prospective de la Ville du Havre à cette période.