L’hôtel de ville est prévu au même emplacement que celui d’avant-guerre pour rendre un repère aux habitants et conserver son jardin public. De nombreuses esquisses sont réalisées par l’Atelier. Dès 1949, Auguste Perret propose un long bâtiment flanqué à l’ouest d’une tour. L’Edifice est terminé par Jacques Tournant et inauguré en 1958. Détails sur sa construction.
Son plan
La reconstruction de l’Hôtel de Ville du Havre (1954) pratiquement au même emplacement que celui de 1859 (un peu en retrait vers le nord) a été rapidement envisagée. Mais personne ne s’est accordé sur l’architecture de ce nouveau bâtiment. Certains proposaient d’élever un Hôtel de Ville du même style que le précédent tandis que d’autres désiraient avant tout reconstituer le jardin François 1er. Cependant, avec la construction des ISAI de la place, dès 1948, il a paru évident que l’architecture de l’Hôtel de Ville ne devait pas contraster avec les immeubles qui l’entoureraient (contrairement à l’ancien Hôtel de Ville).
La tour a été l’élément architectural qui a engendré les réactions les plus vives chez les conseillers municipaux, persuadés que Le Havre allait ressembler à New York et ses gratte-ciel (conseil municipal mars 1950 : « Laissons les gratte-ciel aux Américains et bâtissons quelque chose d’un goût plus sûr, qui soit économique et qui s’accorde au climat de la ville »). Auguste Perret, après avoir soumis une vingtaine de projets tous refusés, en était même venu à proposer une solution sans tour. C’est jacques Tournant qui convainc le conseil municipal en optant pour un bloc rectangulaire vertical couvert d’une terrasse
Ses dimensions, sa conception
L’Hôtel de Ville s’étend sur 143 mètres dont 92 mètres de corps central. L’édifice principal est flanqué de deux ailes : à l’est le théâtre et à l’ouest la transition avec la tour. Il repose sur un demi sous-sol situé au niveau du sol de la place, système évitant de recourir à des cuvelages étanches coûteux. Le véritable rez-de-chaussée et son hall d’honneur se trouvent donc au niveau de la rue de Paris afin que l’édifice ne paraisse pas enterré.
Le parti constructif de l’Hôtel de Ville consiste en un ordre de grandes colonnes qui s’élèvent du soubassement pour porter la terrasse. Ce puissant soubassement du corps horizontal supporte seize colonnes tronconiques cannelées de 13 mètres de haut en béton bouchardé avec des chapiteaux géométriques évasés à facettes. Ces colonnes, coulées sur place, servent de conduits de descente des eaux pluviales. Le grand bâtiment horizontal comprend un ordre majeur (appuyé sur le soubassement et supportant la terrasse) et, derrière lui, un ordre secondaire encadrant les baies vitrées qui éclairent les salles surmontées du dernier étage entièrement libre et vitré sur toutes ses façades.
La trame de construction s’exprime en façade : l’ossature est en béton armé apparent tandis que les éléments de remplissage sont bouchardés. Le béton est ordinaire et laissé brut dans la tour à partir du premier étage. Il est de composition choisie et bouchardé pour les autres bâtiments. Le soubassement est en béton à base de gravier de l’Orne (moitié ciment ordinaire et moitié ciment blanc). La partie supérieure, y compris les colonnes, est en béton composé en majorité de gravier de Saint-Maximin et de marbre. Ces mélanges de finition du béton confèrent à sa façade une blancheur originale.
Les dimensions relatives de l’horizontale et de la verticale ont été conçues en fonction des proportions générales de l’architecture et du programme. L’idée conductrice de Tournant concernant l’allure de la tour est née de l’image qu’elle donnerait du Havre vu depuis la mer. Des verticales étaient essentielles pour diversifier le paysage du Havre qui appelait des accents, tout particulièrement sur cette très grande place, centre de la nouvelle composition urbaine, qui mesure 243 mètres d’est en ouest et 192 mètres de la façade sud de l’Hôtel de Ville aux premières habitations de la rue de Paris. Cette verticale, qui tient également un rôle dans l’équilibre même des volumes du bâtiment, ne pouvait pas être placée au centre de l’édifice pour des raisons plastiques et de distribution intérieure. La difficulté a consisté à articuler la tour avec l’importante masse horizontale et à accorder les fonctions actives du volume vertical avec les fonctions représentatives du volume horizontal. Une opération complexe du point de vue des proportions et de l’expression constructive. La tour, implantée sensiblement en retrait, est reliée au corps central par une aile basse. Elle est basée sur un plan carré de 19 mètres de côté, mesure 72,20 mètres de haut et comporte dix-huit étages. Elle est desservie par un escalier, trois ascenseurs et un escalier de secours dont la travée en saillie est fermée par des claustras en croix.