Situé au bord de la mer, le Musée d’art moderne André Malraux (MuMa) s’est offert un cadre entièrement dédiée à l’espace et à la lumière. La situation exceptionnelle du bâtiment est soulignée par Le Signal, sculpture d’Henri-Georges Adam, qui encadre de béton un morceau du paysage maritime qui a inspiré nombre d’artistes présents dans les collections du musée. Le MuMa, inauguré en 1961 par André Malraux, est réputé pour ses collections de la fin du XIXe et du XXe siècle.
Histoire de la création du Musée
La municipalité du Havre décide en 1951 la construction d’un nouveau bâtiment. Après de nombreuses hésitations, quant à l’affectation du musée et à sa localisation, le projet débute en 1952, grâce aux efforts conjugués de Georges Salles, directeur des Musées de France, et de Reynold Arnould, artiste havrais nommé conservateur des musées de la ville.
Dans l’esprit des deux hommes, il ne s’agit pas seulement de rendre un cadre aux collections en remplaçant un bâtiment par un autre, mais plutôt de mener une réflexion fondamentale sur la fonction du musée. Ils souhaitent rompre avec le modèle du musée traditionnel et faire en sorte de créer une émulation artistique constante. Il faut que le musée puisse organiser des conférences, des projections cinématographiques, des concerts, d’où la nécessité de multiplier les espaces : lieux d’exposition, ateliers, réserves, cafétéria, photothèque, discothèque, bibliothèque. Ainsi, avant même qu’il soit envisagé d’adjoindre au musée la fonction de maison de la culture, l'objectif est de susciter l’intérêt de tous les publics et de contribuer à l’éducation artistique.
L’ambitieux projet d’un musée pilote, le plus moderne d’Europe, est alors confié à Guy Lagneau, architecte dissident de l’atelier de reconstruction d’Auguste Perret, et à ses associés, Raymond Audigier, Michel Weill et Jean Dimitrijevic. Pour ce nouveau musée, qui prend désormais place à l’articulation du front de mer Sud, les architectes imaginent, en harmonie avec l’environnement maritime, un espace modulaire comportant des cloisons mobiles, selon des principes de transparence et de flexibilité. L’architecture du bâtiment, cube de verre, d’acier et d’aluminium bénéficiant de sources d’éclairage de tout côté, y compris par le toit, vise à prolonger le dialogue des œuvres avec le paysage et la lumière qui les ont vus naître. Figure de proue de la ville, à l’entrée du port, il est le premier musée édifié après la guerre s’imposant comme un manifeste de l’architecture moderne et minimale.
Son architecture, sa construction
Flexibilité et transparence sous-tendent le projet novateur de cette équipe d’architectes et d’ingénieurs, pionniers dans leur domaine, en étroite affinité avec les objectifs de modernité fixés par Georges Salles, directeur des Musées de France, et Reynold Arnould, conservateur des musées de la ville.
À la pointe d’un îlot d’habitation typique de la reconstruction menée au Havre, le musée proclame une double rupture, rupture avec le style de la reconstruction de la ville entreprise par Auguste Perret, mais aussi et surtout, avec l’esthétique traditionnelle de ce type d’institution.
En décembre 1953, la maquette du futur bâtiment est dévoilée à Paris, au Musée national d’art moderne, à l’occasion de l’exposition « De Corot à nos jours au musée du Havre ». Cependant, le chantier ne débute pas avant la fin de l’année 1958. Entre-temps, la conception du musée s’est affinée et lorsque André Malraux, ministre des Affaires culturelles, inaugure solennellement l’édifice, le 24 juin 1961, il est devenu Musée-Maison de la culture.
L’architecture annonce d’emblée la modernité du programme « Musée-Maison de la culture », laquelle s’incarne à l’intérieur du bâtiment dans des solutions muséographiques d’avant-garde qui transforment radicalement la vision des œuvres de la collection. Elle favorise notamment une flexibilité des espaces qui permet de répondre avec une grande souplesse et une grande efficacité aux exigences d’une programmation faite d’expositions, certes, mais aussi de concerts de conférences ou de spectacles.
Le Signal, sculpture monumentale commandée par l’État en 1956 à Henri-Georges Adam pour le parvis du Musée-Maison de la culture, fait partie intégrante du musée et de son identité.
Longue de 22 mètres, haute de 7 mètres et pesant plus de 220 tonnes, la sculpture isole un fragment du paysage, autour duquel elle dessine un cadre de béton, et souligne la situation exceptionnelle de l’édifice à l’entrée du port. Sa mise en œuvre a représenté un défi technique, car, bien que creux et d’une portée considérable, ce monument repose sur son socle pour à peine un quart de sa longueur.
Le nom de Signal, qui explicite la fonction de l’œuvre, ne semble pas avoir été attribué par l’artiste. Cette appellation apparaît dans la presse à partir de 1959, et c’est sous ce titre qu’elle est inventoriée au Fonds national d’art contemporain et dans les registres du musée. Mais, pour les Havrais, son nom semble ne jamais s’être véritablement fixé et « l’œil », « la navette », « la boussole » sont autant de termes qui lui sont plus spontanément attribués.
Durant les cinquante années où elle est restée placée sans protection sous les vents dominants, l’œuvre a subi de plein fouet les intempéries, cause majeure d’érosion. Sa restauration, annoncée comme l’un des principaux événements de la célébration du cinquantenaire du musée, lui a rendu son aspect d’origine, revalorisant du même coup cet emblème du dialogue noué entre le musée, la mer et le port. Elle a été restaurée à partir de 2011 avec le soutien de nombreux mécènes et de la DRAC.