Le Havre, Patrimoine mondial

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La parole aux témoins

Les témoignages des habitants de ces zones d’habitation provisoire, longtemps enfouis au profit d’une histoire plus prospective de la reconstruction, montrent un attachement réel pour cette période transitoire : le confort – restreint – auquel accédaient ces nouveaux locataires, mais aussi le quotidien partagé par ces milliers de personnes, ont mis au jour une mémoire collective qui souligne la valeur historique de ces années, qui se sont multipliées à mesure que le pays organisait sa renaissance.

Les sinistrés s’approprient leur nouvelle habitation et contribuent à rendre durable ce qui n’était prévu au départ que pour quelques temps : certains recouvriront les plaques de papier goudronné qui faisaient office de murs de tapisseries, d’autres ajouteront un étage à la structure de manière à partager leur espace habitable.

Une reconstruction parallèle

D’une certaine manière, ces territoires, qui étaient dotés pour certains d’une église, d’une école, et parfois même de magasins, font partie d’une "reconstruction en parallèle" dont les traces ont été peu à peu effacées. L’abandon des instances politiques au profit de programmes de grande envergure donne une image négative de ces cités de partage qui voient alors arriver des populations plus en marge, n’ayant pas les moyens de se loger autrement.

 L’édification de nouvelles formes d’habitation collective, en barres ou en tours de plusieurs étages, marque le commencement d’une vie différente, où l’échange n’est plus induit par la promiscuité, et où chacun peut évoluer à son goût, dans un espace qu’il maîtrise.

Récits collectifs ou familiaux

La vie en cité provisoire marque toute une génération au sein des villes bombardées. Enfouis sous le récit officiel de la reconstruction, les témoignages sur les cités s’accumulent aujourd’hui sous forme d’albums de famille consultables dans les familles, parfois regroupées en associations, des ouvrages amateurs ou sur des sites internet.

Tous démontrent un attachement peu commun à ce mode de vie. Enfants ou adolescents à cette époque, les témoins relatent un quotidien difficile marqué toutefois par une grande solidarité.

Rendre durable l’éphémère

Des éléments récurrents constituent un imaginaire commun fondé sur la solidarité, toutes catégories sociales confondues. Chacun s’est, à sa manière, approprié cet habitat éphémère, s’évertuant à le rendre durable dans un combat au quotidien mêlant bricolage ingénieux et entraide : renforcement des cloisons trop légères, problème d’humidité et de chauffage, manque de place et d’intimité…  

Pour beaucoup, ces cités provisoires dont les plus importantes comportaient des milliers d’habitants, dotées d’écoles, de commerces, de lieux cultes et d’administrations figurent une  reconstruction parallèle dont la destruction et l’effacement historique vont finalement réitérer le traumatisme des bombardements. 

Diaporama