Le vaste chantier de la reconstruction havraise a occupé une place majeure dans les expérimentations techniques du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (ou MRU fondé en 1944) : système poteau-poutre-dalle, préfabrication, standardisation…
La morphologie urbaine du Havre s’ajuste aux conceptions traditionnelles de la ville : la place monumentale, le regroupement en îlots avec des bâtiments peu élevés (cachant des tours uniquement visibles à distance), les rues et les avenues, les rythmes….
L’esprit du progrès
Cette continuité est loin d’être involontaire ou naïve, l’harmonie et l’unité historique sont ici considérées comme des valeurs fondatrices bien qu’elles soient animées par « l’esprit du Progrès » : l’îlot est calibré suivant les outils les plus modernes, comme la modélisation, et s’assimile volontiers à l’îlot ouvert.
La préfabrication
La standardisation et la fabrication en série contribuent également à l’amélioration du bâtiment dont l’exécution, tant esthétique que matérielle, révèle les idées de durabilité et d’intemporalité.
En faisant appel aux techniques de préfabrication, le chantier peut évoluer plus rapidement (et permettre de reloger des habitants) au moindre coût. Les premiers chantiers sollicitent des méthodes de préfabrication classique par coulage et coffrage sur place, la préfabrication se limite dans ce cas aux éléments de remplissage, huisseries et équipements compris.
Des expérimentations différentes
D’autres expérimentations menées par la suite préfigurent des méthodes constructives, généralisées ensuite à l’échelle nationale et internationale (procédé Camus). En 1952-53, sur le chantier de la Porte Océane, Le procédé Portique utilisée la partie nord, permet une préfabrication de l’ossature – poteaux, poutres, escaliers…- et des remplissages en usine, tous les éléments étant ensuite assemblés sur le chantier.
Entre 1950 et 1954, la Société Thireau-Morel expérimente des panneaux de béton préfabriqué mis en œuvre dans différents programmes : le logement minimal, le pavillon individuel, le grand ensemble des Champs-Barrets (Loisel, archi.) ainsi que quelques îlots en centre-ville (sud-ouest de la rue de Paris).
Le procédé Camus
Le procédé le plus novateur largement diffusé est expérimenté dès 1949-50, dans le quartier du Perrey.
Le procédé Camus consiste en une préfabrication très élaborée intégrant les murs, portes et fenêtres, les canalisations d’eau, les branchements électriques, l’accès gaz… permettant ainsi d’économiser 80% du coût de la main d’œuvre, main d’œuvre non qualifiée.